Une de mes priorités lorsque je cours est de ne pas me blesser. Cela ne fait qu’un an que je cours mais pour le moment j’ai réussi à augmenter mon kilométrage hebdomadaire sans blesser mon humble personne. J’ai appris que si je voulais continuer comme cela, je devais me renforcer les muscles du tronc car cela aide à garder une bonne posture, cela donne du contrôle et de la force. D’ailleurs, quand je cours avec Serpentine, la coach nous demande toujours de porter attention à nos muscles du tronc, donc ceci confirme cela.
Comme je déteste encore plus aller à la salle de muscu que je détestais courir, j’ai décidé de prendre 5 sessions avec un entraîneur privé. Vu que je suis un novice complet, l’idée était de recevoir quelques conseils, de savoir quelles machines utiliser et comment les utiliser, mais aussi de trouver un peu de motivation et peut-être même de commencer à aimer la salle (tout comme j’ai commencé à aimer courir après avoir reçu de bons conseils). Attention spoilers : je n’aime toujours pas aller à la salle, mais je commence à ne plus détester car au moins, maintenant je commence à savoir ce que je fais.

Une salle de muscu Photo de Collin Parker
La première chose que j’ai apprise avec mon entraîneur est qu’il faut aussi s’échauffer avant la muscu. J’ai commencé par courir dix minutes sur le tapis, mais maintenant je fais plutôt dix minutes de rameur. C’est tout aussi chiant que le tapis de course, mais cela implique plus de muscles, y-compris les jambes, les bras et les abdos. L’autre chose importante que j’ai apprise est qu’il faut alterner les groupes de muscles qu’on travaille. Comme ça le premier groupe peut se reposer pendant qu’on fait une série sur un autre groupe de muscles. Par exemple, j’alterne la machine à tractions avec des abdos obliques au sol. Ça fait gagner beaucoup de temps et ça limite l’ennui.
Et puis j’ai appris plein de manières différentes de faire souffrir mes adbos et ça c’est cool parce que ça évite la monotonie et ça me fait travailler les fibres longues autant que les fibres courtes des mêmes muscles. J’essaye aussi de travailler mes fessiers, non seulement parce que cela rend sexy aux yeux du sexe désiré en donnant un joli cul bien ferme, mais aussi parce que cela donne plus de puissance aux jambes et permet de courir plus vite.
Au final, même si je n’aime toujours pas aller à la salle, maintenant je comprends un peu mieux cet univers. Par exemple j’ai compris que les miroir ne sont pas là uniquement pour flatter l’ego narcissique des bodybuilders, mais aussi pour vérifier que l’on fait ses exercices correctement. Une autre preuve que je ne déteste plus la salle ? Après 4 mois, je trouve encore la motivation de me lever tôt le matin et d’y aller les jours où je suis supposé me reposer de la course (ce qui ne fait que deux fois par semaine). Qui plus est, je trouve toujours la motivation même si je ne vois pas encore les résultats (toujours pas de tablette de chocolat).
Le coureur poli et autres habitués
Les rues sont comme les bars, quand t’y vas trop souvent tu deviens un habitué. Dans les deux cas, c’est un peu flippant et inquiétant pour ta santé (si tu cours à ce point, il faut t’inquiéter pour ta santé mentale). Et en tant qu’habitué, tu commences à connaître les autres habitués.
La plupart des matins de semaine, je crois le coureur poli. Je ne le connais pas personnellement, mais je le vois sur le chemin en bordure de Tamise mes jours d’entraînement vers 6h40 du matin. En général que vois d’abord sa lampe frontale au loin (il fait encore nuit à cette période de l’année). J’ai la chance de toujours le croiser au début de mon entraînement, pendant mon échauffement, car je respire encore normalement lorsqu’il me dit « Morning » et je peux faire semblant d’être poli aussi et répondre « Morning » sans cracher mes poumons.
Il y a aussi la femme un peu costaud qui s’entraîne presque tous les matin avec sa coach. Je ne l’ai jamais vue courir mais elle fait des exercices qui ont l’ai bien durs avec des gros poids. J’aime à imaginer qu’elle est haltérophile ou qu’elle joue dans un numéro de cirque.
Il y a aussi un grand gars baraqué qui porte toujours un t-shirt jaune fluo. Je le soupçonne d’être membre de la tribu des Lycras, ces cyclistes ultra-sportifs détestés par tous dans le circulation londonienne. Je le vois bien aller à son boulot de Chef du Bullshit ou Directeur des Bobards, à la City ou plutôt à Canary Wharf (les deux sont souvent confondus par les français). Merde, je suis presqu’en train de me décrire. Bon, que je ne suis pas aussi grand ni aussi baraqué et je fais du roller plutôt que du vélo, donc il me reste de l’espoir de ne pas être un aussi gros bullshitteur.
Dans un pub, il y a aussi les clients occasionnels. C’est la même chose dans la rue. Une fois, j’ai croisé un papa qui disait à sa petite fille : « Regarde comme il court vite le monsieur » pendant que je faisais des intervalles. C’est le genre de choses qui donnent un bon coup de boost !
Ça me fait penser à ce passant qui n’avait l’air de rien mais qui m’a donné beaucoup de courage sans forcément le savoir. C’était à l’époque où je courais encore en attaquant du talon et que je détestais courir. Je devais avoir l’air de souffrir beaucoup (ce qui était le cas) parce que lorsque je suis passé à son niveau, il m’a dit d’une voix calme et apaisante : « Tu t’en sors bien, tu t’en sors bien ». Cette petite phrase m’a donné la volonté de finir ma séance malgré la souffrance. Alors si tu me lis, gentil inconnu, merci.
Plus récemment, j’ai croisé un type en voiture pas tellement poli. Ce con est sorti de son allée à toute berzingue, a failli me renverser, et a commencer à m’insulter copieusement bien que ce soit moi qui me soit arrêté pour éviter l’accident. Je l’ai innocemment salué avec mon majeur fièrement dressé vers le ciel, je sais sais pas pourquoi mais ça a l’air de l’avoir contrarié. Le pauvre crétin s’est mis dans une colère noire et a essayé de me poursuivre en voiture mais n’a pas réussi à me rattraper malgré ses coups frénétiques d’accélérateur et de frein pour éviter de se prendre le trottoir. J’ai simplement fait mine d’ignorer cet imbécile et j’ai continué ma course. Heureusement, à peine une minute plus tard, j’ai croisé le coureur poli et nous avons échangé nos courtes amabilités, ce qui a suffit à me fait oublier le triste épisode que je venais de vivre.
Et toi ? Ça t’arrive de rencontrer des habitués un peu originaux quand tu cours ?